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La recherche en éducation face aux nouvelles orientations promues

Agnès VAN ZANTEN (Observatoire Sociologique du Changement, Sciences Po/CNRS, France ; Agnes.vanzanten@sciences-po.fr)

Au cœur du statut problématique de la recherche en éducation en France se trouve un rapport au politique se caractérisant, en premier lieu, par la faible priorité donnée à la connaissance scientifique dans ce domaine avec pour conséquent des financements publics modestes et, en second lieu, par la volonté de l’État de ne pas de dessaisir de son pouvoir de contrôle sur un sujet aussi central ce qui l’a conduit à organiser la production de savoirs gouvernementaux internes à l’administration de l’éducation parallèlement aux savoirs savants. Quelles évolutions observe-t-on alors en lien avec les nouvelles dynamiques internationales ? Du point de vue du financement, elles sont contradictoires. D’un côté, des moyens conséquents sont alloués à des recherches en éducation par le biais notamment d’appels à projets de l’Union européenne, permettant aux chercheurs de mener des études de grande ampleur. De l’autre, cependant, le contenu des recherches est contrôlé de façon beaucoup plus étroite qu’au niveau national par le choix de thématiques (la formation tout au long de la vie, la citoyenneté européenne) correspondant à un agenda politique précis. Il en est de même pour leur conduite (organisation du travail en « paquets », suivi rapproché du processus de recherche par des experts) et pour sa diffusion qui doit intégrer la prise en compte des demandes des utilisateurs potentiels. Du point de vue de la concurrence entre savoirs scientifiques et savoirs de gouvernement, on observe également un renouvellement. La production d’analyses décontextualisées sur les systèmes d’enseignement au niveau international, dont PISA constitue le meilleur exemple, a contribué à mettre les questions d’éducation au centre des débats. En même temps, ces analyses, conçues pour pouvoir être réappropriées par des acteurs politiques sans que ces derniers aient besoin d’avoir une connaissance précise des réalités éducatives nationales tendent à dévaloriser encore plus la production d’analyses « enracinées » dans des théories et des recherches de terrain.